Coffee time. w/ Aurora

Le café a quelque chose qui t'interpelle. L'odeur, la couleur, les grains, le goût... Tu réfléchis depuis peu à un modèle en rapport avec cette boisson. Plusieurs articles te sont venus à l'esprit, notamment la basket grain de café ou le t-shirt café moulu, cependant, tu cherches à ce que tes idées soient plus développées avant de tenter quoi que ce soit.

Tu te rends alors au Perchoir, afin d'étudier cette piste en profondeur. Et puis, honnêtement, tu ne refuserais pas un café, en cette matinée. Tu t'installe sur un tabouret, près du comptoir. Il y a déjà bien du monde ; ce qui indique
à quel point les cafés de Robusto sont appréciés. Tu évites de croiser les regards des autres habitants. Tu n'es pas d'humeur à dialoguer. Tu es concentrée sur ta mission : avancer sur ton projet de couture.

Voyant qu'il s'agit d'Aurora, tu te forces à la regarder dans les yeux et à lui sourire. Ces derniers mois, tu ne t'étais pas accordé une petite pause café : tu t'étais concentrée sur tes nouveaux designs. Ainsi, tu avais oublié qu'elle travaillait ici.

« Salut, trésor. », dis-tu d'une voix douce. « Je suis pensive ces temps-ci. Je réfléchis à de nouveaux modèles à confectionner. Il faut dire que cet endroit m'inspire. Et toi alors, comment te sens-tu ? »

Tu lui proposes de s'asseoir avec toi un instant. Après tout, un collègue à elle est présent au Perchoir. Il peut donc s'affairer seul pendant que les deux femmes discutent, non ? De toute manière, tu es décidée : s'il ose dire quoi que ce soit, tu lui intimeras de vous laisser tranquille.

En quoi le Perchoir peut-il t'inspirer ? Il y a de nombreuses raisons. Premièrement, chaque lieu possède ses propres couleurs. Ainsi, tu as un éventail de réflexion concernant les teintes qui pourraient composer un nouveau modèle. Aussi, tu es quelqu'un de créatif ; un son, une odeur, un toucher, un goût... Tous les sens peuvent t'amener une piste, une idée. Et pour finir le plus important est l'essence même de cet endroit : le café. Il a un aspect très intéressant à exploiter. Tu lui souris.

« Oh, tu sais, un rien peut m'inspirer. », dis-tu en lâchant un petit rire.

Tu n'as pas envie de passer pour une espèce de savant fou auprès d'Aurora. Pas la peine de lui expliquer précisément pourquoi tu as choisi de puiser tes idées ici.

« Non merci, pour les viennoiseries, trésor. Je fais attention à ma ligne. », exprimes-tu, un peu embarrassée de n'avoir aucune autre excuse. Autant dire la vérité.

Laissant ton regard balayer la pièce, tu t'aperçois que le collègue d'Aurora vous fixe. Rectification : il dévore ton interlocutrice des yeux. Étrange. Y aurait-il de l'amour dans l'air ? Tu te concentres de nouveau sur Aurora.

« Dis, trésor. Il t'aime bien, ce beau blond, je me trompe ? », l'interroges-tu, accompagnant la question d'un clin d’œil.

Tu trouves en Aurora une innocence qui la rend encore plus charmante. Tu as envie d'en savoir plus sur la relation qu'entretiennent les deux collègues, toutefois, tu te retiens de lui demander des informations supplémentaires. La pauvre semble déjà très gênée. Toujours est-il que tu te sens épiée, même s'il porte son regard sur ton interlocutrice.

« Oui, je te prendrais un café, avec une pointe de lait, et pas de sucre, trésor. » Tu marques une pause, avant de poursuivre. « Je n'aime pas que l'on me drague, tu sais. Qu'importe ce que les séducteurs auront à me donner, je ne serais pas intéressée. Je ne souhaite ni amour, ni relation d'un soir... Rien. », conclus-tu en soupirant.

Tu as vraiment du mal à te projeter mère, mariée, avec un chien. Tes ambitions sont tout autre. Premièrement : hors de question d'avoir des gosses. Pour toi, ce ne sont que des teignes ! Aussi, tu trouves inutile de t'unir à quelqu'un. Tu es très bien seule. En fait, il n'y a que le chien que tu accepterais volontiers.

Tu prends le temps de boire une gorgée de café. La boisson brûle ta langue et roule dans ta gorge avec une chaleur intense. Tu ne laisses cependant rien paraître. Tu te dois de rester classe en toute circonstance.

« Je ne vois aucun strict intérêt à aimer. », affirmes-tu enfin, sans la moindre retenue.

Tu n'es pas du genre à mâcher tes mots. Tu donnes ton avis tel qu'il est. Le tout est de ne pas avoir l'air vulgaire lorsque tu exprimes ta pensée.

« En étant en relation amoureuse avec quelqu'un, tu dois faire des concessions que tu n'aurais absolument pas eu l'idée de faire, célibataire. Puis tu tires un trait sur une partie de ta liberté, aussi. Et surtout, ça fait perdre du temps. » Tu bois une autre gorgée de café. « Et je déteste ça. », avoues-tu.

Tu regardes Aurora dans les yeux. Tu as tout de même hâte de voir sa réaction. Toujours est-il que tu te sens observée, encore une fois. Tu jettes un furtif coup d'œil sur ta gauche. Le collègue semble presque vous surveiller. Tu fais mine de rien, gardant le visage neutre.

Tu es impressionnée de voir à quel point Aurora est tolérante et douce. Elle semble dépourvue de la moindre once de méchanceté. Elle t'écoute avec bienveillance et répond sans émettre de jugement. Il est d'ailleurs étonnant qu'elle n'ait pas eu de relation amoureuse depuis dix longues années. Impossible de ne pas aimer son côté innocent !

Cependant, sa remarque t'interloque. Qu'est-ce qu'elle veut dire au juste ? Tu n'as pas été en couple depuis l'adolescence et ça ne t'intéresse absolument pas. Il n'y a aucune chance pour que tu aies laissé croire ça. Tu ne fréquentes personne, hormis tes clients. Peut-être est-ce une rumeur ? Tu fronces les sourcils, intriguée. Tu te fiches des ragots qui se disent sur toi, car tu sais pertinemment que les habitants de St Juniper ignorent tout de toi. Ceci dit, Aurora a piqué ta curiosité.

« Je te demande pardon ? »

Tu souris, amusée par cette petite blague. Tu es tombée dans le piège. Tu sais qu'Aurora fait ça pour rire. Elle est incapable d'être méchante, envoyer des piques n'est pas du tout dans ses habitudes.

« Il est vrai que mon travail est extrêmement important dans ma vie. Pas toi ? »

Tu finis le café d'une traite et pose la tasse.

« Ne t'en fais pas, Aurora. C'est parfait. Je viens ici quasiment depuis deux ans et je n'ai jamais été déçue par un café. »

Tu réfléchis.

« Enfin, sauf une fois. Robusto avait employé un nouveau. Il faisait n'importe quoi. Il dosait mal, prenait trop de temps à servir et était insupportable. Il passait son temps à blablater inutilement. Il a été viré bien vite. Tu te souviens de lui ? »

« Dean, c'est bien ça ! », pouffes-tu, amusée que ça embarrasse quelque peu Aurora.

Tu adresses un sourire à Aurora, secouant la tête de gauche à droite.

« Tout est bon. Je dois moi-même te laisser, ma boutique m'attend. », avoues-tu.

Tu tends l'argent à la jeune femme, t'assurant de donner le compte exact. Comme ça, pas de perte de temps ! Aussi bien pour Aurora que pour toi.

« C'était sympa de discuter avec toi. Il faudra remettre ça, à un moment où nous serons un peu moins pressées. », proposes-tu.

Tu te lèves et remets ta chaise en place, avant de saluer ton interlocutrice d'un signe de main. Puis, tu fais volte-face, te dirigeant vers la sortie. Tes sandales à talons hauts claquent le sol en bois. Tu jettes un dernier regard, teinté de mépris au collègue d'Aurora, comme pour lui signifier que c'est malpoli d'observer la clientèle ainsi. Après cela, tu quittes le Perchoir, prête à attaquer une longue journée de travail.