Une multitude de cartons dans le coffre de la voiture lui gâche la visibilité. Il roule très doucement, cherchant son chemin. Une multitude de cartons dans le coffre de la voiture lui gâche la visibilité. Il roule très doucement, cherchant son chemin. Il y a quelqu’un derrière lui, il s’attend à se faire dépasser. Pas de klaxon, rien. Un signe de main quand la conductrice le dépasse au feu suivant. Un signe de main, et un grand sourire. Il peine à répondre, il grimace. Il se dit qu’il a bien dû l’embêter, mais il oublie bien vite car bientôt se trouve devant lui la propriété qu’il s’est offerte. Les prix sont attractifs, et son dossier a été accepté avant le délai annoncé. Une aubaine pour ce père de famille divorcé à la recherche d’un nouveau départ. Sa maison surplombe la rivière Raintide. Au loin, il peut voir les champs aux couleurs chatoyantes. Des arbres fruitiers à n’en plus finir. Une sonnette le sort de sa rêverie : un jeune passe à vélo derrière lui en lui souhaitant la bienvenue dans la ville. Il lui rend son salut, un peu gêné. Les gens sont-ils tous aussi sympathiques ici ? Une voiture se gare en pompe juste derrière la sienne. Un homme bedonnant à l’air joyeux en sort, suivi d’une petite femme à lunettes. Ils lui souhaitent, eux aussi, la bienvenue, et l’homme l’emmène dans la maison. Une petite visite s’impose. La maison est décorée selon les goûts de l’ancien propriétaire, mais il n’en a que faire. Il n’aura qu’à tout redéfinir à sa sauce. La vue depuis le premier étage lui laisse entrevoir la baie de Hudson, avec la plage et ses falaises, au loin. Celle depuis le grenier, côté Nord, est dominée par un relief impressionnant. Il a appris qu’un camping existait dans les montagnes, peut-être pourra-t-il y travailler. Sa maison a déjà été entièrement payée, il n’a même pas eu à faire de prêt, mais il aura quand même besoin d’argent, comme tout le monde. La visite terminée, l’agent immobilier l’emmène dans le jardin, où il lui tend les clés de sa nouvelle vie. “Je vous souhaite la bienvenue à St. Juniper ! Nous espérons que vous vous plairez parmi nous.”